Défi Ecrire chaque jour – Jour 2 – Ecrire l’angoisse
Mon défi d’écriture quotidienne : Briser les barrières pour une exploration de soi
« Nous sommes ce que nous faisons à répétition. L’excellence, alors, n’est pas un acte, mais une habitude. » – Aristote
S’engager dans l’écriture quotidienne représente un défi singulier, particulièrement dans le tourbillon incessant de la vie moderne. Trouver un moment de calme, même bref, pour se plonger dans les profondeurs de soi peut sembler une tâche ardue, surtout lors de journées particulièrement chargées.
J’essaye de trouver chaque jour cet espace de rencontre avec moi-même que ce soit avant d’entamer ma journée, au détour d’une pause, en allant dans un café… Cette fin de semaine a été chargée et je pensais à ma consigne d’écriture. L’idée est de la trouver dans un ouvrage externe, pour éviter toute sélection volontaire de ma part, pour garder l’élément de surprise et de spontanéité.
Je pensais à cela quand l’un de mes patients commence sa séance en m’expliquant qu’il se sent plus apaisé par rapport à ses angoisses. J’ai réfléchi, me dit-il, à ce qu’est le danger. Le danger c’est…
Je l’écoute, je me souviens de la séance dernière où effectivement il évoquait de multiples angoisses. Je lui avais demandé quel était le danger redouté in fine. « Le danger c’est… ». J’avais ma consigne. L’angoisse est un sujet tellement important. Elle habite toutes les psychothérapies. Elle nous habite tous.
Elle est liée fondamentalement à la question de la survie, donc à cette nécessité de rester vivant, de vaincre les dangers, ceux impliqués par la nécessité d’assouvir nos besoins primaires, manger, boire, dormir, aimer… L’angoisse se complexifie bien sûr puisqu’elle s’en prend à nos désirs par l’enjeu de bonheur que l’on met dans cette envie d’assouvir des souhaits.
L’angoisse : une réponse naturelle aux complexités de la vie
L’angoisse, au-delà d’être un simple mécanisme de survie, se manifeste également comme une réponse complexe aux multiples défis de la vie moderne. Elle ne se limite pas uniquement aux besoins primaires, mais s’étend aux sphères plus abstraites de notre existence – nos relations, nos aspirations et même notre quête de sens.
Dans un monde où les choix abondent et les pressions sociales sont constantes, l’angoisse prend une dimension nouvelle. Elle devient le reflet de nos luttes internes pour concilier nos désirs profonds avec les attentes du monde extérieur. Cette tension entre l’authenticité personnelle et les normes sociétales engendre un terrain fertile pour l’angoisse.
L’angoisse et le désir : un lien inextricable
Plus profondément, l’angoisse est intimement liée à nos désirs. Chaque désir non réalisé, chaque rêve inaccompli peut devenir une source d’angoisse. Cette relation souligne le lien inextricable entre l’angoisse et notre quête permanente de bonheur et de réalisation personnelle.
Lorsque nos désirs se heurtent aux réalités de la vie ou à nos propres limitations, l’angoisse surgit souvent comme un signal d’alarme, nous rappelant que quelque chose en nous reste inassouvi.
Naviguer à travers l’angoisse
Reconnaître et naviguer à travers nos angoisses nécessite une introspection profonde et parfois, l’acceptation que certaines questions resteront sans réponse. Cette prise de conscience peut être à la fois libératrice et terrifiante. Cependant, en acceptant l’angoisse comme une partie intégrante de notre expérience humaine, nous pouvons commencer à la comprendre et, avec le temps, à la transformer en un catalyseur pour le changement et la croissance personnelle.
L’angoisse : un guide vers une compréhension plus profonde
En fin de compte, l’angoisse nous invite à explorer les recoins cachés de notre psyché, à questionner nos vraies motivations et à redéfinir ce qui est véritablement important pour nous. En explorant nos angoisses, nous nous ouvrons à la possibilité d’une vie plus authentique et épanouie, où nos désirs et nos actions sont en harmonie.
Voilà donc une consigne qui nous emmène du côté de l’angoisse.
Voulez-vous vous y essayer ?
Voici la consigne :
Pour moi le danger c’est…
Pour moi, le danger, c’est parler. Incontestablement, je crois que cela a toujours été le cas. J’ai grandi avec le danger de parler ou plutôt celui de ne pas être entendu. Je ne me souviens pas d’un jour où je n’ai pas été timide, surtout dans mon enfance et mon adolescence. Je crois me souvenir que le danger, quand j’étais adolescente, était aussi le silence. Celui qu’on partage à deux. Dès lors que nous étions trois, c’était fini, je n’étais plus responsable de ce silence bien gênant. S’il fallait parler alors que nous étions deux, je me sentais responsable du silence. N’avoir rien à dire. Était-ce cela le danger ? Il me reste de cette timidité cette peur de demander. Déranger pour cela, et bien sûr qu’on me refuse, qu’on se refuse.
Nos dangers gardent-ils toujours ce statut ? A-t-on toute sa vie peur du loup, des monstres, de ne pas avoir d’amis, de perdre ses parents, de mourir… A-t-on peur toute sa vie… de vivre finalement ? Le danger, est-ce la crainte de perdre ? Je ne sais pas vraiment ce qu’est le danger, surtout celui qui hante nos têtes. Ce n’est pas celui bien réel que vivent les animaux, mais celui qu’on se traîne depuis l’enfance parce qu’on a conscience de notre propre finitude.
Et vous, vos premières peurs ? Qu’est-ce que c’est ? Il me semble que je me souviens mieux de mes colères. Quand je pense aux peurs, je me rends compte qu’elles étaient nombreuses également. Peur que mon père vienne à l’improviste chez ma mère, qu’elle lui ouvre, que je doive m’assoir là avec eux alors que tout les séparait… sauf moi. Peur de parler aux autres, peur qu’ils ne me parlent pas, peur d’être seul, peur de ne pas l’être.
« Le danger, » me rappellent chaque jour mes patients, « c’est que ça tourne mal. » Ce serait agir et que cela implique de conséquence en conséquence un drame qui était finalement prévisible.
Prévention. Prévenir le danger. Seulement, à trop prévenir, on oublie de vivre, voilà ma peur. Ne pas faire. Mon danger à moi, celui que je redoute plus que tout, serait celui-là : regretter. Avoir désiré et n’avoir pas osé. Alors, je fonce contre ce danger-là. J’agis. Enfin, j’essaye.
Les dangers, j’essaye donc de les affronter car ils sont pour moi synonymes de dépassement. Peut-être, c’est cela aussi d’écrire tous les jours : explorer et se dépasser, sortir de sa zone de confort. Aller à la rencontre de soi, passer les peurs et les regarder la tête haute, bien en face, et passer son chemin. Alors, on les vainc. Ne faut-il pas foncer dedans pour la dissiper ? La peur devient alors expérience. Le danger est de rester au loin, et de la regarder, caché. Elle grandit alors et vous mange, un peu comme ces monstres cachés sous le lit, derrière un rideau. Allumez la lumière, tirez le rideau. Ils s’évanouissent.
Ce que j’ai ressenti en écrivant :
Le texte n’était pas facile à écrire. J’avais en quelque sorte peu d’inspiration. Une forme de résistance sans doute.
Parler de l’angoisse est extrêmement difficile, sans doute surtout quand elles sont plutôt enfouies. Cela devient alors très intime et il n’est pas simple de poser les mots.
J’aurais aimé me laisser aller. Ce n’est que mon troisième jour d’écriture thérapeutique et il serait intéressant de retenter un thème sur l’angoisse plus loin dans le parcours. Plutôt qu’explorer l’angoisse, est venue en moi l’idée de la combattre.
On dit que face à la peur, nous avons tendance à fuir, nous immobiliser ou combattre. Indéniablement, je choisis le combat. Cependant, je crains que ce ne soit pas toujours le cas et je sais intimement sur quels thèmes je ne combats pas.
Les ateliers d’écriture créative : un espace d’exploration et de partage
Les ateliers d’écriture sont des espaces uniques où les mots prennent vie d’une manière collective. Dans ces rencontres, chacun est invité à plonger dans son univers créatif et à partager le fruit de cette exploration. Il y a une magie particulière dans ces ateliers : une dynamique de groupe qui soutient, inspire et challenge.
Durant ces sessions, les participants sont souvent invités à écrire à partir de consignes variées qui stimulent l’imagination et suscitent des réflexions profondes. Ce processus peut être libérateur et révélateur, car il permet d’exprimer des pensées et des sentiments qui peuvent rester inexplorés dans le quotidien.
L’un des moments les plus puissants dans ces ateliers est la lecture à voix haute des écrits. Ce partage transforme l’écriture en une expérience collective, où chaque voix trouve un écho dans le groupe. Les retours des autres participants ne sont pas seulement des critiques, mais des fenêtres ouvertes sur des perspectives différentes, des ressentis variés qui enrichissent la compréhension de chaque texte.
Ces ateliers sont donc bien plus que de simples cours d’écriture ; ils sont des lieux d’échanges, de soutien et d’inspiration. Chaque séance est une occasion d’apprendre, de se développer et de connecter avec les autres à travers les mots.
Ce ressenti sur ce moment d’écriture lors de ce troisième jour de défi me fait penser, lors des ateliers d’écriture, à ce moment où on lit notre texte devant les autres et où les autres membres du groupe émettent leurs idées et ressentis sur ce qu’ils ont entendu. Cet échange m’a toujours semblé extrêmement enrichissant dans les ateliers d’écriture.
Mon idée dans le texte : affronter.
Cela me fait penser, bien sûr, à ce que prône le développement personnel dans cette volonté de conscience de nos fonctionnements et de les tordre pour nous rendre meilleur. Mais je sais le poids et le pouvoir de l’inconscient et ne veux pas oublier que l’angoisse est constitutive de notre condition humaine.
« La rencontre avec soi-même est le plus grand de tous les combats ; seul l’indomptable persévère. » – Carl Jung
L’équilibre entre conscience et acceptation
Dans cet équilibre délicat entre la prise de conscience et l’acceptation, je trouve la vraie essence du développement de soi. Il ne s’agit pas seulement de transformer nos peurs et nos angoisses, mais aussi de les comprendre et de les accepter comme une part indissociable de notre être. L’affrontement de ces aspects n’est pas une lutte contre soi-même, mais plutôt un moyen d’intégrer pleinement toutes les parties de notre psyché.
Le pouvoir de l’acceptation
Accepter nos peurs et nos angoisses, c’est reconnaître que l’inconscient joue un rôle majeur dans notre vie. C’est admettre que nos émotions les plus profondes, même celles qui nous perturbent, ont leur raison d’être. Cette acceptation ouvre la voie à une transformation plus profonde et authentique.
Vers une transformation
En acceptant ces aspects de nous-mêmes, nous pouvons commencer à les transformer non pas en les niant, mais en les comprenant. C’est dans cette compréhension que réside la possibilité d’un changement positif et durable. Ainsi, au lieu de tordre nos fonctionnements pour nous conformer à un idéal, nous apprenons à évoluer avec eux, en harmonie avec notre nature profonde.
Conclusion : L’écriture comme clé de l’épanouissement personnel
À travers cette consigne d’écriture, j’ai tenté d’affronter les angoisses et les peurs, tout en cherchant à les comprendre. Chaque mot écrit est un pas vers une plus grande compréhension de soi sur les plans conscient et inconscient.
Les ateliers d’écriture se révèlent être des alliés précieux dans ce parcours, offrant un espace de partage et de réflexion collective. Ils ne sont pas seulement des lieux d’apprentissage, mais aussi des communautés où l’on peut trouver soutien, inspiration et perspectives diverses.
Ce défi quotidien est donc bien plus qu’un exercice d’écriture ; c’est une pratique de vie, un engagement envers moi-même pour explorer, comprendre et finalement accepter la complexité de mon existence. Il révèle que l’équilibre entre la prise de conscience et l’acceptation n’est pas seulement possible, mais essentiel pour un développement personnel authentique et durable.
En conclusion, ce voyage à travers les mots est une invitation à embrasser pleinement la vie, avec toutes ses nuances, ses défis et ses beautés. L’écriture quotidienne devient un miroir de l’âme, reflétant non seulement nos pensées et émotions, mais aussi notre courage d’affronter, de comprendre, et finalement, de grandir.
J’ai hâte de vous retrouver pour un nouveau défi d’écriture thérapeutique. N’hésitez pas à vous remplir ce formulaire pour recevoir les actualités de mon blog.
Bonne écriture.
7 commentaires
ELMA
Comme tu le dis si bien, l’écriture est bien plus qu’un exercice, c’est une pratique de vie. Il n’est jamais trop tard pour s’y mettre et comprendre ses bienfaits profonds. Merci pour cet article.
patriciatrichotherapy
C’est une exploration introspective qui met en lumière la puissance de l’écriture comme moyen de compréhension de soi-même et de croissance personnelle. Je me souviens que pendant l’adolescence j’avais un journal intime . En lisant ton article cela me donnerai l’envie d’écrire. Le pouvoir de l’écriture!
Edouard Le Minor
Merci pour cet article ! J’aime beaucoup la citation d’Aristote qui a été choisie ! Comme tu le dis si bien l’écriture est un exercice plus que bénéfique !
Flo
J’ai emménagé dans ma chambre une table basse avec un coussin de méditation et des bougies. J’ai pris l’habitude depuis 2 mois de venir y méditer tous les soirs et d’écrire.
Etant quelqu’un d’extremement solitaire, j’ai besoin de faire ces introspections. Cependant je ne connaissais pas l’écriture, j’avoue que c’est assez profond et que ça permet de mieux canalyser et controler ses pensées au quotidien.
Merci pour cet article :).
Olivia
Merci de ce partage d’expérience. C’est un outil en effet très puissant sur le plan psychologique. Il y a eu beaucoup d’études anglo-saxonne qui vont dans ce sens et développent l' »expressive therapy ».
CréActiv'Epanouies
Bravo pour ce joli défi. L’écriture a pour moi un réel impact thérapeutique et permet parfois d’éliminer les blocages même inconscients!
Olivia
Merci, oui l’écriture est un outil thérapeutique et d’exploration de soi très puissant. 👏