Surmonter la procrastination et développer la créativité avec l’écriture thérapeutique
Tout ce qui peut être fait un autre jour, le peut être aujourd’hui.
Montaigne
La procrastination est un défi universel qui affecte divers aspects de notre vie, notamment l’écriture et la créativité.
Vous n’êtes pas seul à ressentir ce blocage, cette tendance à remettre à plus tard ce que vous savez devoir faire.
Qu’il s’agisse d’écrire un article, de travailler sur un projet créatif, ou même de s’asseoir simplement pour écrire ses pensées, la procrastination peut s’infiltrer et paralyser nos efforts.
En tant que psychologue, j’ai observé ce phénomène à maintes reprises chez mes patients. La procrastination n’est pas simplement une question de paresse ou de mauvaise gestion du temps. Elle est souvent enracinée dans des émotions et des croyances plus profondes.
Peur de l’échec, perfectionnisme, anxiété et manque de confiance en soi sont autant de facteurs qui peuvent transformer des tâches simples en obstacles insurmontables.
L’écriture, en particulier, est une activité qui expose nos pensées et nos émotions. Cette vulnérabilité peut renforcer la procrastination, car elle met en lumière nos insécurités et nos doutes.
Pourtant, l’écriture peut aussi être un outil thérapeutique puissant pour comprendre et surmonter ces blocages. En utilisant des techniques spécifiques d’écriture thérapeutique, il est possible de transformer la procrastination en productivité créative.
Cet article vise à explorer les raisons psychologiques de la procrastination, en particulier en relation avec l’écriture et la créativité, et à proposer des solutions efficaces pour y faire face.
Nous plongerons dans les théories psychologiques qui expliquent pourquoi nous procrastinons, et comment l’écriture thérapeutique peut nous aider à dépasser ces obstacles. À travers des techniques pratiques et des exercices, vous découvrirez comment utiliser l’écriture pour surmonter la procrastination, développer votre créativité et intégrer une routine d’écriture régulière dans votre vie quotidienne.
Comprendre la procrastination : Les théories psychologiques
Définition de la procrastination
La procrastination est l’acte de remettre à plus tard ce que l’on sait devoir faire ou même ce que l’on désire faire.
Ce phénomène paradoxal voit des individus repousser des tâches importantes, malgré leur conscience des conséquences négatives de ce report.
Qu’il s’agisse de responsabilités quotidiennes, de projets professionnels ou de passions personnelles comme l’écriture, la procrastination peut s’immiscer dans tous les domaines de notre vie.
Elle peut être active, où l’on choisit de faire autre chose à la place, ou passive, où l’on ne fait rien du tout. En dépit de la volonté de compléter ces tâches, des forces sous-jacentes, souvent émotionnelles et psychologiques, nous maintiennent dans l’inaction, créant un cycle de frustration et de culpabilité.
Causes possibles de la procrastination
Il est important de reconnaître que la procrastination est souvent enracinée dans des dynamiques psychologiques complexes. Les causes possibles incluent une peur profonde de l’échec, où l’individu préfère éviter une tâche plutôt que de risquer de ne pas la réussir parfaitement.
Le perfectionnisme exacerbe cette peur, rendant toute imperfection inacceptable. De plus, des conflits internes et des résistances inconscientes peuvent jouer un rôle significatif. Par exemple, un désir inconscient de maintenir un statu quo confortable ou une peur du changement peuvent inhiber l’action.
L’anxiété et la dépression, en tant que manifestations de conflits intrapsychiques non résolus, peuvent également paralyser l’individu, rendant difficile toute forme de productivité.
Des facteurs tels que le manque de confiance en soi, souvent lié à des expériences de vie antérieures marquées par des critiques ou des échecs, peuvent aussi contribuer à la procrastination.
La procrastination peut également être liée à des dynamiques familiales, où des attentes élevées ou des modèles parentaux autoritaires ont laissé des traces profondes dans la psyché.
En outre, la procrastination peut être une manière de défier des figures d’autorité internalisées, en rejetant inconsciemment les attentes perçues de la société ou de l’entourage.
La peur de l’engagement ou de la réussite, qui pourrait entraîner des responsabilités accrues ou des changements de statut, peut aussi freiner l’action. Enfin, le manque de clarté des objectifs et l’incapacité à se fixer des priorités peuvent rendre les tâches à accomplir écrasantes, conduisant à une paralysie de l’initiative et à un sentiment d’impuissance face à l’ampleur des tâches.
Théories complémentaires
- Théorie de l’auto-régulation La théorie de l’auto-régulation suggère que la procrastination résulte d’un manque de gestion de soi-même. Les individus qui ne parviennent pas à s’auto-réguler peuvent facilement succomber à des distractions.
- Théorie de la temporalité Cette théorie postule que les procrastinateurs préfèrent les récompenses immédiates aux bénéfices futurs, ce qui les pousse à reporter les tâches.
- Théorie de l’affect Les émotions négatives telles que l’anxiété, le stress et la peur de l’échec jouent un rôle crucial dans la procrastination. Ces émotions peuvent paralyser l’individu et l’empêcher de commencer une tâche.
- Théorie de la motivation La motivation intrinsèque (faire quelque chose pour le plaisir) et extrinsèque (faire quelque chose pour une récompense) influence la procrastination. Une motivation faible peut mener à reporter les tâches.
Procrastination et écriture : Pourquoi procrastinons-nous lorsqu’il s’agit d’écrire ?
La Peur de l’échec
La peur de l’échec est une des principales causes de procrastination, particulièrement dans des activités créatives comme l’écriture. Cette peur peut paralyser l’écrivain, l’empêchant de commencer ou de continuer son travail.
L’idée de ne pas être à la hauteur des attentes, qu’elles soient personnelles ou perçues, peut créer une pression immense. Cette pression peut être exacerbée par des expériences passées de critique ou de rejet, conduisant à un évitement des tâches pour échapper à une répétition de ces sentiments douloureux.
Pour ma part, j’avais sacralisé l’écriture, ayant tant aimé lire de grands auteurs comme Zola, Hugo, Flaubert… J’avais un mal fou à me lancer dans l’écriture de mon roman ne pouvant prétendre à un tel style et une telle puissance littéraire. La lecture du livre de Stephan King Ecriture: Mémoires d’un métier m’a décomplexé puisqu’il y explique que nous avons tous des histoires à raconter et tous les mots pour le faire.
Le perfectionnisme
Le perfectionnisme est souvent étroitement lié à la procrastination. La recherche de la perfection peut devenir un obstacle majeur à la productivité. Les perfectionnistes procrastinent souvent parce qu’ils craignent que leur travail ne soit pas parfait.
Ils peuvent passer un temps excessif à réviser et à peaufiner chaque détail, ou pire, ne jamais commencer du tout par peur de produire quelque chose de moins que parfait. Cette quête incessante de perfection peut créer une paralysie, empêchant l’achèvement des tâches.
L’anxiété et le stress
L’anxiété et le stress sont des émotions négatives qui peuvent bloquer la créativité et l’écriture.
L’anxiété peut rendre la tâche d’écrire insurmontable, en alimentant des pensées négatives et des scénarios catastrophiques.
Le stress, qu’il soit lié à des délais serrés, à des exigences élevées ou à des situations personnelles, peut également épuiser les ressources mentales nécessaires à la concentration et à la créativité.
Ces états émotionnels peuvent créer un cycle de procrastination où l’évitement des tâches augmente le stress et l’anxiété, perpétuant ainsi le problème.
Le manque de confiance en soi
Une faible estime de soi peut sérieusement empêcher l’individu de croire en ses capacités à écrire régulièrement et efficacement. Les personnes ayant une faible confiance en elles peuvent douter de la valeur de leurs idées et de leur capacité à les exprimer correctement. Cette incertitude peut mener à l’évitement des tâches d’écriture, par peur de l’échec ou de la critique. La croyance que l’on n’est pas « assez bon » pour réussir peut paralyser l’initiative et conduire à la procrastination.
Le manque de clarté des objectifs
Des objectifs vagues ou mal définis peuvent mener à la procrastination, car ils semblent trop intimidants ou inatteignables.
Lorsque les objectifs ne sont pas clairs, il devient difficile de savoir par où commencer et quelles étapes suivre. Cela peut créer une sensation de désorientation et de surcharge cognitive. Sans une direction précise, l’individu peut se sentir accablé par l’ampleur des tâches à accomplir, ce qui le pousse à remettre les choses à plus tard.
Définir des objectifs clairs et décomposables en étapes concrètes est essentiel pour surmonter cette forme de procrastination.
En comprenant ces causes sous-jacentes de la procrastination, notamment en relation avec l’écriture et la créativité, il devient possible de développer des stratégies plus efficaces pour surmonter ces obstacles et intégrer des pratiques d’écriture plus régulières et productives dans la vie quotidienne.
L’écriture thérapeutique comme solution
Identifier et gérer les émotions négatives
L’écriture thérapeutique peut être un outil puissant pour identifier et gérer les émotions négatives qui alimentent la procrastination.
Tenez un journal où vous explorez et notez vos peurs, vos angoisses et vos doutes. Écrire régulièrement sur vos sentiments peut aider à diminuer l’intensité de ces émotions et à clarifier les pensées qui les sous-tendent. En reconnaissant et en nommant ces émotions, vous pouvez commencer à les comprendre et à les gérer plus efficacement.
Décomposer les tâches
Transformer des objectifs intimidants en étapes gérables est une stratégie essentielle pour surmonter la procrastination.
Par exemple, au lieu de viser « écrire un livre », fixez-vous l’objectif d’écrire une page par jour. Décomposer une tâche en petites étapes rend l’objectif final moins intimidant et plus accessible. Chaque petite victoire crée un sentiment d’accomplissement qui peut encourager à poursuivre l’effort.
Créer un plan d’action
L’écriture peut également servir à structurer et à planifier vos projets.
Notez chaque étape nécessaire pour atteindre votre objectif et établissez un calendrier. Un plan d’action écrit peut servir de feuille de route et rendre les tâches plus claires et plus organisées. Planifier à l’avance permet de réduire l’anxiété liée à l’incertitude et de fournir une direction claire à suivre.
Utiliser des consignes d’écriture
Les consignes d’écriture peuvent stimuler votre créativité et vous aider à surmonter les blocages.
Ces suggestions d’écriture offrent un point de départ pour votre pensée, ce qui peut aider à libérer des idées et à éviter le sentiment de vide créatif.
Essayez des exercices d’écriture libre où vous écrivez sans vous arrêter pendant un temps déterminé, ce qui peut aider à libérer vos pensées et à encourager un flux créatif.
Pratiquer la gratitude
Écrire sur ce pour quoi vous êtes reconnaissant peut améliorer votre humeur et votre motivation. La pratique régulière de la gratitude peut transformer votre perspective et vous aider à maintenir une attitude positive.
Notez trois choses pour lesquelles vous êtes reconnaissant chaque jour, même si elles semblent insignifiantes. Cette pratique simple peut renforcer votre résilience émotionnelle et augmenter votre motivation pour accomplir vos tâches.
En intégrant ces techniques d’écriture thérapeutique dans votre routine quotidienne, vous pouvez progressivement surmonter les obstacles émotionnels à la productivité, développer votre créativité et instaurer une pratique d’écriture régulière et enrichissante.
Exercice pratique : Le journal de la procrastination
- Identifier une tâche que vous procrastinez.
- Écrire pendant 5 minutes sur pourquoi vous procrastinez cette tâche. Quelles sont les pensées et émotions associées ?
- Lister les petites étapes nécessaires pour accomplir cette tâche.
- Définir un plan pour réaliser ces étapes, en incluant des dates précises.
- Réfléchir sur vos réussites après avoir accompli la tâche, même partiellement. Notez ce que vous avez ressenti et ce que vous avez appris.
Conclusion
Surmonter la procrastination et développer votre créativité nécessite des stratégies spécifiques et régulières.
L’écriture thérapeutique offre un moyen puissant de comprendre et d’aborder les racines émotionnelles de la procrastination, de redéfinir vos objectifs et de créer des plans d’action concrets.
En utilisant des techniques telles que la gestion des émotions négatives, la décomposition des tâches, la création de plans d’action, les prompts d’écriture et la pratique de la gratitude, vous pouvez transformer progressivement votre approche des tâches et améliorer votre productivité et votre bien-être émotionnel.
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9 commentaires
DENIS (Académie de la Chanson)
J’aime beaucoup ton approche de la procrastination : elle en détermine les causes avant de proposer les remèdes. On comprend bien qu’il ne s’agit pas de simples recettes de cuisine, et cela permet à chacun de s’approprier les solutions que tu proposes. Une nouvelle fois, ton article me permet d’avancer ! Merci !
La Rousse du Bricolage
Merci pour cet article très complet : les causes possibles de la procrastination font clairement écho en moi, même si elles se traduisent dans mon cas par une soif inextinguible d’activité plutôt que par des stratégies d’évitement. On peut retirer de ton article non seulement des enseignements pour soi-même, mais également des pistes pour faire face de façon plus sereine à l’évolution de nos enfants.
Charlotte
Merci pour ton article, et particulièrement l’exercice permetant l’exploration de ces pensées limitantes. C’est un outil précieux que je compte bien utiliser lors de ma prochaine « crise » de procrastination. 🙂
Freddy
La planification, les routines en complément de l’écriture restent pour moi les meilleurs outils pour lutter contre la procrastination. En termes d’écriture, j’essaie de rédiger un journal de mes actions j’ai encore du mal à me lâcher dans ce type de journal.
Merci pour cet article très intéressant.
Mickaël
Merci pour cet article très enrichissant sur la procrastination. En tant que master coach professionnel, je trouve vos techniques d’écriture thérapeutique particulièrement intérressantes. Elles peuvent grandement aider les personnes à surmonter leurs blocages.
Tania
Merci pour cet articles qui donne des pistes intéressantes. Mon expérience de la procrastination était avant tout le rapport à la perfection, surtout lorsque j’ai débuté, je me comparais à d’autres personnes ou alors j’avais l’impression de ne pas innover, juste répéter ce que j’avais déjà lu. Autre chose était non pas la peur de l’échec mais la peur de la réussite, car dans ce cas, je montrais de quoi j’étais capable. A présent j’ai fait la paix avec tout cela et je m’exprime comme je suis, peu importe finalement le regard des autres et la compraison. Je sais que chacun est unique et ce que je fais n’intéresse pas tout le monde.
Elise d'OptimismeCool
Merci beaucoup pour cet article très complet. C’est effectivement essentiel de comprendre les causes de la procrastination pour la libérer et la transformer en productivité créative. Les routines, la gratitude et la planification m’aident beaucoup pour l’éviter.
Jackie
J’associe la procrastination à la peur. Peur de s’engager peut-être (dans une tâche par exemple). Lorsque l’on surmonte cet état, on se sent tellement mieux ! (ça sent le vécu ! 🙂
Big Bang Mama
Merci pour ces informations sur la procrastination. Je trouve l’exercice « journal de la procrastination » très intéressant à expérimenter. Pour ma part, j’ai toujours l’impression que je procrastine moins lorsque j’ai plus de contraintes, de cadre. Par exemple, je procrastine moins si je travaille en équipe ou dans une structure bien identifiée que seule chez moi. Ou bien si j’ai une urgence à gérer que si le timing est large. Mais il est vrai que l’écriture aide quoi qu’il arrive : pour noter, pour décomposer, pour expier les choses négatives… A bientôt !