perfectionnisme en écriture
Créativité,  Ecriture créative,  Psychologie

Le perfectionnisme : Pourquoi il freine l’écriture et comment s’en libérer

Si vous avez aimé l'article, n'hésitez pas à le partager.

Le perfectionnisme, ce mot qui peut sembler noble et aspirant à l’excellence, cache souvent une réalité bien plus complexe et paralysante. Lorsqu’il s’immisce dans l’écriture, il devient un écueil majeur, freinant non seulement l’acte de création, mais aussi la confiance en soi et le plaisir d’écrire.

Pourquoi le perfectionnisme bloque-t-il autant les écrivains ? Comment accepter que l’imparfait soit une étape essentielle ? Et quelles méthodes peuvent aider à dépasser cette entrave pour retrouver la fluidité de l’écriture ? Cet article explore ces questions pour aider chaque écrivain à renouer avec sa plume, libre de toute contrainte paralysante.


Le perfectionnisme : un frein à l’écriture

La peur de mal faire : une paralysie mentale

Le perfectionnisme naît souvent de la peur de mal faire. Cette peur, qu’elle soit consciente ou non, résulte d’une pression excessive que l’on s’impose.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu  Écrire pour déconstruire ses croyances limitantes

L’écrivain perfectionniste cherche à produire un texte immédiatement abouti. Cette quête de perfection génère un stress qui paralyse l’action : chaque mot est pesé, analysé, remis en question. Cette suranalyse conduit à l’immobilisme, car l’écrivain finit par s’interdire d’écrire par crainte de ne pas être à la hauteur de ses propres attentes.

Par exemple, une personne souhaitant écrire un roman peut rester bloquée sur la première phrase, le premier paragraphe, le premier chapitre pendant des semaines, convaincue que cette dernière doit être parfaite pour justifier la suite du texte. Ce blocage récurrent empêche d’explorer librement les idées et tue progressivement l’envie d’écrire.

Le jugement de soi : l’ennemi intérieur

Le perfectionnisme est étroitement lié à un regard critique exacerbé sur soi-même. L’écrivain perfectionniste se juge en permanence, souvent bien plus sévèrement qu’il ne jugerait un autre auteur. Ce jugement peut s’appuyer sur des croyances limitantes comme :

  • « Mon écriture n’est pas à la hauteur. »
  • « Ce que je produis est inintéressant. »
  • « Les autres écrivains font tellement mieux que moi. »

Ces pensées automatiques sévères créent un sentiment d’imposture, et chaque tentative d’écriture devient une lutte contre ce jugement intérieur.

L’illusion du résultat parfait : un objectif inaccessible

Une autre facette du perfectionnisme est l’idéalisation d’un résultat parfait. L’écrivain imagine un produit final éblouissant, mais oublie que ce niveau d’excellence est souvent le fruit d’un long processus d’écriture et de révision. En cherchant à atteindre immédiatement cette perfection, il se prive de la liberté d’explorer, d’échouer et de progresser.

Une paralysie créative qui s’étend

Le perfectionnisme ne freine pas seulement l’écriture, il peut aussi contaminer d’autres aspects de la création. Par exemple, certains écrivains évitent de partager leurs textes avec d’autres par peur des critiques. Cette peur devient un cercle vicieux, car sans retours extérieurs, il est difficile de progresser et de développer une perspective objective sur son propre travail.


Accepter le « brouillon » comme partie intégrante du processus

Le brouillon : un laboratoire d’idées

Le brouillon ou « premier jet » est souvent perçu comme un échec ou une preuve d’incompétence par l’écrivain perfectionniste. Pourtant, il constitue un espace de liberté et de créativité essentiel. C’est dans le premier jet que les idées prennent forme, que l’on ose des choses nouvelles, que l’on se trompe et que l’on apprend.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu  Des mots qui guérissent : Voyage au cœur de la bibliothérapie

Adopter une approche bienveillante envers ses brouillons permet de se détacher du jugement initial. Chaque texte est une étape vers une version plus aboutie. Le brouillon n’a pas besoin d’être parfait : il est simplement un point de départ.

2. Des exemples inspirants

Beaucoup d’auteurs célèbres ont reconnu l’importance des brouillons dans leur travail. Ernest Hemingway disait : « Le premier jet de tout écrit est toujours de la merde. » Cette phrase, bien qu’abrupte, rappelle que même les plus grands auteurs passent par des versions ébauchées avant d’atteindre une œuvre achevée.

Les manuscrits de Marcel Proust ou de Victor Hugo révèlent des pages remplies de ratures et de corrections, preuve que l’écriture parfaite est le fruit d’une évolution.

L’état d’esprit de l’amélioration continue

Accepter le brouillon, c’est adopter un état d’esprit axé sur l’amélioration progressive. Plutôt que de viser un produit fini immédiatement, il s’agit de travailler sur des versions successives en s’accordant le droit à l’erreur. L’écriture devient alors un cheminement plutôt qu’une performance.

Faire de l’écriture un voyage

Accepter le brouillon revient à percevoir l’écriture comme un voyage et non une destination. Chaque étape, qu’elle soit fluide ou chaotique, fait partie de l’expérience. Le fait d’écrire sans se soucier du résultat permet d’aborder son texte avec plus de légèreté et d’authenticité.


Des méthodes pour surmonter le perfectionnisme en écriture

1. Pratiquer l’écriture libre

L’écriture libre est une technique puissante pour contourner le perfectionnisme. Elle consiste à écrire sans interruption pendant un temps déterminé, sans se soucier de la grammaire, de l’orthographe ou de la structure. L’objectif est de laisser couler les idées sans filtres.

Cette pratique aide à débloquer la créativité et à contourner la peur de mal faire. L’important n’est pas le résultat, mais le processus d’écriture lui-même.

Définir des objectifs modestes

Plutôt que de viser un roman entier ou un texte parfait, commence par des objectifs plus modestes :

  • Écrire une seule phrase par jour.
  • Rédiger un paragraphe sans te soucier de la qualité.
  • Terminer une scène ou une section, même si elle est imparfaite.
Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu  Histoires de résilience (Évènement inter-blogueurs)

Ces objectifs réalistes permettent de créer une dynamique positive et de réduire la pression liée à la perfection.

Mettre en place des rituels d’écriture

Le perfectionnisme s’accompagne souvent d’une irrégularité dans la pratique. Mettre en place un rituel d’écriture – même court – peut aider à instaurer une habitude et à surmonter les résistances.

Choisis un moment et un lieu dédiés à l’écriture, et engage-toi à écrire régulièrement, sans attendre l’inspiration parfaite.

S’entourer d’un cercle bienveillant

Partager tes écrits avec des personnes de confiance peut être un excellent moyen de relativiser le jugement que tu portes sur ton travail. Rejoindre un atelier d’écriture ou un groupe d’écrivains permet de recevoir des retours constructifs et bienveillants, et de comprendre que tous les écrivains font face à des doutes et des difficultés.

Se rappeler de ses motivations profondes

Pourquoi écris-tu ? Te reconnecter à tes motivations profondes peut t’aider à dépasser la peur de l’imparfait. Que ce soit pour exprimer tes émotions, partager une histoire ou laisser une trace, rappelle-toi que l’essence de l’écriture réside dans le fait de créer, et non dans le fait d’être parfait.

Accepter les critiques comme une étape nécessaire

Plutôt que de redouter les critiques, perçois-les comme une opportunité de grandir. Apprendre à recevoir des retours constructifs sans les percevoir comme des attaques personnelles permet d’évoluer dans sa pratique d’écriture.

Visualiser les versions finales comme un aboutissement collectif

Il peut être utile de se rappeler que chaque livre, article ou création publiée est le fruit de multiples ébauches, d’éditeurs et de collaborateurs. Le produit final n’est jamais l’œuvre d’une perfection instantanée, mais d’un travail collaboratif qui révèle la richesse des brouillons initiaux.


Conclusion : Libérer sa plume de la tyrannie du perfectionnisme

Surmonter le perfectionnisme n’est pas un processus immédiat, mais chaque petit pas compte. En apprenant à accepter l’imparfait, en valorisant le processus plus que le résultat et en adoptant des pratiques bienveillantes envers soi-même, il est possible de débloquer sa créativité et de renouer avec le plaisir d’écrire.

Le perfectionnisme freine l’écriture parce qu’il repose sur une illusion : celle qu’il existe un chemin sans erreurs. Pourtant, ce sont ces erreurs qui permettent de progresser et de créer des œuvres authentiques. Alors, ose écrire, ose raturer, et surtout, ose commencer. La perfection n’est pas une destination, mais une chimère. En revanche, l’acte d’écrire, avec ses imperfections, est un chemin riche et libérateur.

Et toi, qu’en penses-tu ? Quelles sont les stratégies qui t’aident à surmonter ton perfectionnisme en écriture ? Partage ton expérience dans les commentaires, qu’il s’agisse de tes blocages ou de tes victoires. Ton histoire pourrait inspirer d’autres écrivains en chemin vers plus de liberté créative.


En savoir plus sur Psycho-Plume

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Psychologue et écrivain, je partage dans mon site des articles sur l'écriture thérapeutique.

7 commentaires

  • Denis (Académie de la Chanson)

    Je retrouve avec grand plaisir tes articles ! Sans vouloir prêcher pour ma paroisse, il me semble qu’un bon outil pour surmonter le perfectionnisme est… la chanson ! Cette oeuvre concise, qui dès le départ implique des choix, qui n’est « finie » que le jour où elle est enregistrée, mais qui pour autant a une existance puisqu’on peut la chanter « en l’état » permet aux perfectionnistes incurables (dont je fais hélas partie) d’arriver en douceur au bout de leur projet.

  • La Rousse du Bricolage

    Je m’aperçois en te lisant que, en bricolage comme en écriture, les mêmes causes produisent parfois les même effets ! Même si la matière n’est pas la même, certains blocages sont étonnamment proches. C’est là que le mot « bricolage » reprend son sens originel ! 😉

  • Béa🌷

    Merci Olivia pour cet article plein de bienveillance ! ✨
    Il est vrai que le perfectionnisme peut devenir un véritable obstacle à la créativité. Lâcher prise et accepter l’imperfection est réellement une étape nécessaire dans toute démarche créative. Ce rappel que l’authenticité est souvent bien plus puissante que la recherche de la perfection m’a vraiment parlé.
    Ton article apporte des pistes concrètes pour transformer cette pression en une force libératrice.
    Un grand merci pour cette belle réflexion qui, je suis sûre, inspirera beaucoup de lectreurs ! 🌷

  • Miren

    Un grand merci pour cet article, qui touche un sujet si commun mais souvent ignoré : le perfectionnisme dans l’écriture. J’ai adoré tes astuces concrètes pour lâcher prise et retrouver le plaisir d’écrire sans pression. Ton approche bienveillante et réaliste fait vraiment écho à celles et ceux qui se bloquent par peur de mal faire. Bravo pour ce partage inspirant ! ✨

  • Frédéric

    Merci Olivia pour cet article qui m’a vraiment fait du bien.
    Ce syndrome de la perfection m’accompagne depuis bien longtemps.
    Je pense refaire la consigne d’écriture à chaque fois que je sens que mon jugement de Moi bloque ma créativité.
    Merci encore

    Belle continuation

  • Sylvie

    Tes conseils sont très pertinents car je retrouve exactement le parcours que j’ai mené et qui, sans le savoir, m’a amené à moins de perfectionnisme… J’ai malheureusement trop bien connu cet « autosabotage » inconscient et j’ai pu, grâce à des arts japonais, dépasser ce blocage qui freinait ma création: j’ai visé comme tu dis, des objectifs modestes (l’aquarelle au format carte postale plutôt que grand format), partagé mes écrits avec les personnes d’un cercle de confiance (c’est le principe du tensaku japonais qui consiste à polir ses haïku en groupe) et utilisé la maladresse comme libération du geste (l’art de l’etegami). Je n’ai jamais autant écrit, créé et testé de nouvelles techniques, de nouveaux processus et je m’épanouis chaque fois un peu plus lors de mes tentatives!

  • Jackie

    Le perfectionnisme en écriture, c’est exactement ce qui empêche parfois d’oser poser ses idées sur le papier. J’adore ta manière de déculpabiliser et d’encourager à lâcher prise. Tu donnes vraiment envie d’écrire avec plus de légèreté et d’authenticité. Merci pour cette belle inspiration !

Laisser un commentaire