Comment aller au bout d’un projet d’écriture quand on doute, qu’on fatigue, qu’on vacille
Il m’a fallu deux ans pour écrire Psychothérapeute.
Pas parce que je manquais d’inspiration — mais parce que, pendant que ce roman prenait forme, je donnais aussi naissance à un autre projet : Psychoplume. Un espace d’écriture, d’accompagnement, de transmission. Un lieu qui demandait autant d’engagement que mes pages.
Et peut-être que c’est cela, au fond, qui m’a tenue : écrire ce roman pendant que je construisais autre chose. L’un nourrissait l’autre.
Mais ce que je reconnais aussi, c’est ce mécanisme récurrent chez moi : ce blocage aux deux tiers. Comme si, à l’approche de la fin, quelque chose résistait.
Terminer, c’est dire : voilà, c’est fini. C’est prêt. C’est à vous.
Et cette étape-là me fait peur.
Peut-être parce qu’elle engage. Peut-être parce qu’elle expose.
Peut-être aussi parce qu’elle clôt — et qu’une clôture, ça oblige à passer à la suite.
Aujourd’hui, Psychothérapeute est publié. Et j’aimerais partager ici ce que j’ai appris en allant pour la quatrièmefois, jusqu’au bout de mon roman.
Parce que si tu écris toi aussi, tu connais sans doute ces moments où l’élan s’effrite, où l’on se dit :
« À quoi bon ? »
« Ce n’est pas le moment… »
« Je n’y arriverai pas. »
Alors voilà : comment faire pour continuer, même quand tout semble dire “laisse tomber” ?
Les formes discrètes de l’abandon
On imagine souvent l’abandon comme un geste radical. Un mot tranché. Un ordinateur fermé. Un texte effacé.
Mais ce n’est pas comme ça que ça se passe, la plupart du temps.
Abandonner un projet d’écriture, c’est souvent lent. Silencieux. Presque indolore. On écrit un peu moins. Puis on ouvre le document sans rien écrire. Puis on se dit qu’on relira demain. Puis… rien.
Et on commence à entendre une petite voix :
« Ce n’est peut-être pas si important. »
« Ce n’est pas le bon moment. »
« Je le reprendrai quand j’aurai plus de temps. »
Cette zone-là, je l’appelle la zone grise de l’abandon. Ce n’est pas un renoncement clair, c’est un effacement progressif. Un éloignement insidieux.
Et ce qui s’installe à ce moment-là, ce n’est pas juste une pause :
c’est souvent une peur.
- La peur de ne pas être à la hauteur.
- La peur d’échouer, ou pire : de réussir et d’être vue.
- La peur d’exposer quelque chose de trop intime.
- La peur, aussi, de clore — comme s’il valait mieux garder ce projet en chantier, inachevé mais protégé, plutôt que risquer de le rendre réel.
Finir, c’est exposer. Et exposer, c’est fragile.
Ce qui m’a permis d’aller jusqu’au bout
Si je suis allée au bout de Psychothérapeute et avant lui de mes trois autres romans, ce n’est pas grâce à un coup de motivation magique.
C’est parce que j’ai trouvé des manières de tenir. De résister à la tentation de fuir. De faire un pas après l’autre, même quand l’envie n’était plus là.
Voici ce qui m’a aidée :
Une date intérieure
Je ne me suis pas imposé un calendrier rigide. Mais j’ai gardé en tête une date symbolique, un point d’arrivée flou mais présent.
Cela créait une direction. Un mouvement.
Et quand je m’éloignais, je pouvais revenir à cette date comme à un phare.
Une pratique régulière, même minime
Certaines semaines, je n’écrivais que 10 minutes par jour. Parfois, je ne produisais qu’un paragraphe. Mais je restais en lien avec le texte. Je refusais qu’il devienne un souvenir.
L’écriture, c’est d’abord une fidélité.
Accepter que l’inspiration vienne en marchant
Je n’ai pas attendu de « me sentir prête ». Je me suis souvent assise devant le texte sans avoir envie. Et les mots sont venus après.
Pas toujours beaux. Pas toujours justes. Mais présents.
Et c’est cela qui compte : être là.
Créer une relation vivante avec le texte
J’ai parlé à mon roman, à mes personnages.
Je leur disais :
« Je ne sais pas encore où tu vas, mais je suis là. »
« Je ne suis pas certaine de toi, mais je te porterai. »
Ce lien presque affectif m’a soutenue. J’avais le sentiment de ne pas écrire sur une idée, mais avec elle.
Demander du soutien bienveillant
J’ai partagé quelques extraits. À des personnes en qui j’ai confiance. Pas pour qu’on me dise que c’était bien — mais pour que quelqu’un soit témoin du processus.
Un regard juste peut faire reculer la peur.
Ce que ça transforme d’aller jusqu’au bout
Finir un roman, ce n’est pas juste cocher une case.
C’est faire une traversée intérieure.
Et cette traversée transforme.
Une stabilité nouvelle
J’ai gagné quelque chose que je ne soupçonnais pas : une solidité tranquille, une conscience intérieure : je suis capable de tenir un projet long. De le finir. Même quand c’est difficile.
Une autorisation
Finir nos texte, c’est aussi nous donner le droit d’écrire vraiment.
D’écrire jusqu’au bout.
De ne plus m’arrêter en chemin.
D’aller au bout de ce qu’on a à dire, même si c’est inconfortable.
Une capacité à laisser partir
Une fois terminé, le texte devient autre.
Il ne m’appartient plus tout à fait. Et ce détachement fait du bien.
Il permet de passer à autre chose. D’écrire autre chose.
D’accueillir un nouveau cycle.
Une mémoire interne de réussite
La prochaine fois que je bloquerai aux deux tiers, je pourrai me rappeler que je l’ai déjà fait.
Que c’est possible.
Que la peur n’est pas une fin.
Juste une étape.
Si toi aussi, tu es tenté·e d’abandonner
Tu es peut-être en train d’écrire.
Ou peut-être que tu n’écris plus.
Tu as peut-être laissé un texte de côté, depuis des mois. Ou tu bloques au chapitre 5. Ou tu doutes.
Je voudrais te dire ceci :
Ce que tu traverses est normal. Universel. Humain.
Les écrivains les plus brillants ont douté. Ont fui. Ont renoncé, parfois. Et sont revenus, aussi.
Tu n’as pas besoin de tout savoir.
Tu n’as pas besoin d’un plan parfait.
Tu n’as pas besoin d’être inspiré·e, ni même motivé·e.
Tu as juste besoin d’une chose :
revenir au texte.
Même pour 10 minutes.
Même sans rien écrire.
Revenir, comme on revient chez soi.
Et si tu bloques, essaie de changer de question.
- Ne te demande pas : « Est-ce que c’est bien ? »
- Demande-toi : « Pourquoi j’ai commencé ? »
- Demande-toi : « Qu’est-ce que je cherche à comprendre, à guérir, à transmettre ? »
- Demande-toi : « Qu’est-ce que je sentirai si je l’abandonne ? »
Et surtout :
N’oublie pas que ton texte est vivant.
Il t’attend. Sans te juger. Sans se vexer.
Il est encore là. Et il t’appelle.
Conclusion : Finir, c’est renaître
Finir Psychothérapeute, c’est avoir traversé une forêt dense.
C’est avoir accepté de se perdre.
C’est être revenue avec quelque chose que je n’avais pas prévu de trouver.
Et cette chose, c’est une voix plus libre.
Moins perfectionniste. Moins angoissée.
Plus habitée.
Finir un projet d’écriture, c’est renaître à soi-même.
Je ne dis pas que c’est facile.
Mais je sais que c’est possible.
Et je crois que si tu es en train de lire ces lignes, ce n’est pas un hasard.
Alors je te le dis, doucement mais fermement :
➡️ Continue.
➡️ Reviens.
➡️ Fais un pas. Même petit.
➡️ Et termine. Pour toi.
Parce que ce texte que tu portes a une forme. Une voix. Une vérité.
Et le monde a peut-être besoin de l’entendre.
📚 Psychothérapeute est disponible en ebook (et bientôt en version brochée)
C’est un roman noir, très intérieur. On y suit Oriane, une psychologue brillante qui vacille… jusqu’à franchir une ligne que nul ne devrait franchir.
Une histoire de soin, de justice, et de folie. Une plongée dans les limites de la thérapie.
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À très bientôt dans l’espace Psychoplume,
et merci d’avoir lu jusqu’au bout.
Olivia
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Un commentaire
Sylvie
Ce conseil de « ne pas attendre de se sentir prête » me parle car j’ai effectivement constaté qu’appliquer ce précepte non seulement fait gagner du temps mais génère beaucoup d’énergie! Pour autant, j’ai déjà passé 3 mois complets sur un projet de film documentaire et n’y suis pas revenue depuis 1 an! Je compte sur la période estivale pour faire des repérages et relancer la dynamique d’écriture en ayant pour cap cette question que tu proposes: « Pourquoi j’ai commencé ? »
Merci Olivia!