L'écriture thérapeutique

Quand l’écriture nous change

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Il y a une idée reçue contre laquelle nous luttons souvent, en écriture comme en psychothérapie : celle que le changement devrait être immédiat, lisible, spectaculaire. Mais le psychisme ne suit pas la logique de la performance. Il se construit dans la lenteur, les détours, les silences. Et c’est aussi vrai pour l’écriture.

Quand on écrit, on voudrait parfois que les choses s’éclaircissent tout de suite. Qu’un mot posé suffise à tout apaiser. Mais en réalité, comme dans une thérapie, les effets de l’écriture sont souvent différés. Ils agissent dans l’ombre. Et parfois, on ne sait même pas ce qui a changé. On se dit simplement, un jour :

« je ne suis plus tout à fait la même ».

Cet article est une ode à cette temporalité discrète. Il explore pourquoi les effets de l’écriture ne sont pas toujours immédiats, et pourquoi c’est justement là qu’elle est précieuse.

Le temps psychique : une lenteur nécessaire

Le psychisme ne guérit pas par injonction. Il a besoin de contourner, de rêver, de répéter. Il digère par couches. Il transforme en silence. En cela, il est très proche du langage de l’inconscient : indirect, métaphorique, irrationnel.

Ce temps long, nous le respectons en thérapie. Il devrait en être de même pour l’écriture. Car écrire, ce n’est pas produire du sens immédiatement. C’est souvent poser une trace que l’on comprendra plus tard.

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Le temps psychique est un temps de maturation. Ce que tu écris aujourd’hui peut ne pas te dire grand-chose. Et pourtant, tu as déplacé quelque chose. Tu as permis à un souvenir de se déposer, à une émotion de circuler. Tu as ouvert une brèche.

En psychanalyse, ce temps psychique est souvent associé au travail du « devenir sujet » : c’est-à-dire la capacité à symboliser ce qui nous habite, à nous approprier ce qui était encore inconscient.

Un mot écrit aujourd’hui peut résonner dans l’inconscient comme une semence à déchiffrer plus tard. Freud nous rappelait que l’inconscient n’a pas de temps propre : il répète, il revient, jusqu’à être entendu. L’écriture est donc aussi un outil pour permettre ce travail de liaison entre les temps psychiques, entre ce qui fut vécu, ce qui est senti, et ce qui pourra être pensé.

L’écriture comme espace de transformation différée

Certaines personnes me disent : « J’écris, mais je ne ressens pas de mieux. » Ou encore : « J’ai écrit, mais ça ne m’a rien fait. »

Et je leur réponds : ce n’est pas grave. Tu n’écris pas pour sentir un effet immédiat. Tu écris pour créer un mouvement intérieur, parfois imperceptible. L’écriture n’est pas une solution. C’est un terrain. Une zone libre. Une chambre d’écho où quelque chose en toi peut commencer à s’organiser.

Et souvent, c’est plus tard que le sens revient. Un mois, un an, parfois dix ans après un texte. Tu relis, et tu comprends ce que tu avais en germe. Tu vois que tu étais déjà en train de changer.

Les changements silencieux : quand on se dit simplement « j’ai changé »

Il y a des évolutions qui ne s’annoncent pas. Elles ne font pas de bruit. Elles ne cochent aucune case. Mais un jour, tu réagis différemment. Tu parles avec une voix plus juste. Tu t’autorises un choix. Tu refuses une situation que tu aurais acceptée hier.

Tu ne sais pas toujours d’où ça vient. Mais tu sais que tu as changé. Et souvent, tu retrouves dans tes carnets les traces d’un long travail souterrain. Des phrases écrites sans y croire. Des tentatives maladroites. Des ébauches de conscience.

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Ce sont elles qui t’ont déplacée. Ce sont elles qui ont labouré en toi un nouveau territoire.

Pourquoi cela prend du temps : la peur, la loyauté, l’identité et bien sûr … les résistances

Changer demande du courage. Mais aussi du temps. Car il ne s’agit pas seulement de comprendre. Il s’agit d’oser défaire certains liens invisibles :

  • La peur de blesser en disant sa vérité.
  • La loyauté envers une histoire familiale.
  • L’image qu’on a de soi, forgée parfois dès l’enfance.

L’inconscient ne livre rien sans résistance. Il y a en nous des défenses, des censures internes qui retardent l’accès au sens. Des parties de soi refusent encore de savoir, de sentir, de se souvenir.

L’écriture, alors, travaille parfois « contre » quelque chose : contre l’oubli, contre l’effacement, contre les défenses qui veulent maintenir l’équilibre ancien. Ce n’est pas un défaut, mais une donnée structurante du psychisme. Le temps qu’il faut pour que quelque chose apparaisse n’est pas un délai : c’est le signe que cela touche à un noyau profond. L’écriture permet d’approcher ces zones à son rythme, sans forcer, avec douceur.

L’écriture est donc aussi un outil pour permettre ce travail de liaison entre les temps psychiques, entre ce qui fut vécu, ce qui est senti, et ce qui pourra être pensé.

Tout cela ne cède pas en un texte. Mais chaque texte peut desserrer un peu l’étau.

Ce que tu écris ne guérit pas toujours, mais il déplace, il remue, il questionne. Et cela suffit à enclencher un travail intérieur.

Écrire pour honorer la lenteur du psychisme

Dans nos sociétés pressées, l’écriture est un acte de résistance. Elle permet de sortir de la logique de l’efficacité. Elle accueille ce qui ne sert à rien mais qui transforme tout. Elle nous réapprend la lenteur, la présence, la profondeur.

Quand tu écris, tu ne fais pas que raconter : tu t’accordes un temps de présence à toi-même. Tu reconnais que ton monde intérieur mérite qu’on s’y attarde. Tu cesses de courir. Tu écoutes.

Et cette écoute, même si elle ne donne pas de réponses immédiates, change peu à peu ton rapport à toi-même. Elle t’apprend la patience. Elle fait de la place à ce qui, autrement, serait resté enfoui.

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Ce que l’écriture prépare en silence

Tu ne le sais pas encore, mais en écrivant, tu te prépares. Ce n’est pas un prélude conscient, ce n’est pas un plan. C’est un mouvement souterrain. Parfois, tu écris sur un sujet anodin. Et quelques semaines plus tard, tu fais un choix important. Tu parles autrement. Tu t’affranchis d’une peur.

Comme les rêves, l’écriture agit par échos, par images, par sensations. Tu ne peux pas toujours traduire ce que tu écris. Mais tu peux le ressentir, un jour, dans une posture nouvelle, une parole dite avec assurance, un apaisement ressenti là où il n’y en avait jamais eu.

Une consigne d’écriture pour rencontrer l’inconscient

✍️ Consigne :

Choisis un moment de solitude calme. Ferme les yeux et pense à un lieu qui t’est familier mais que tu n’as pas visité depuis longtemps (un grenier, une chambre d’enfance, un escalier, un jardin…). Imagine que ce lieu t’attend. Entre-y mentalement, puis ouvre un carnet et décris ce que tu vois, ce que tu sens, ce que tu redoutes ou ce qui t’étonne. Qui est là ? Que t’y attend ? Quels objets sont présents ?

Laisse venir les images, même si elles semblent absurdes ou incohérentes. Ne corrige pas. Ne cherche pas à interpréter. Tu peux relire ce texte plus tard. Peut-être contient-il un fragment de mémoire refoulée, ou une émotion que tu n’osais pas nommer. C’est ainsi que l’inconscient s’invite, parfois, entre les lignes.

Conclusion : Semer sans savoir quand ça pousse

L’écriture est un geste gratuit. Elle ne garantit rien. Et pourtant, elle agit. Parce qu’elle te relie à ta vérité profonde. Parce qu’elle te permet de dire ce que tu ne peux dire ailleurs. Parce qu’elle t’apprend à respecter le rythme de ton propre cheminement.

Tu ne verras pas toujours la transformation. Mais elle est là. Dans ce que tu oses un peu plus. Dans ce que tu comprends un peu mieux. Dans ce que tu laisses enfin partir.

Le psychisme est lent. L’écriture est lente. Mais c’est dans cette lenteur que se loge la possibilité d’une vraie métamorphose.


Pour aller plus loin :


Cet article participe à la Farandole des Blogs dont le thème « Semer aujourd’hui pour récolter demain » est proposé par Pierre-Élie du blog S’enrichir avec Pierre-Élie.​


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Psychologue et écrivain, je partage dans mon site des articles sur l'écriture thérapeutique.

Un commentaire

  • Dieter

    Merci pour ton article qui nous rappelle la nécessité de faire preuve de patience pour observer l’évolution des contenus psychiques.

    Ce qui a retenu mon attention, c’est ce que tu as dit à propos du fonctionnement « irrationnel » du psychisme, que tu as ensuite expliqué clairement.

    Il est vrai que ce qui peut nous paraître « irrationnel » obéit en réalité à une logique différente de celle que nous utilisons dans notre vie quotidienne.

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